mardi 29 janvier 2008

DES ARBRES À ABATTRE

  • DES ARBRES À ABATTRE
    Roman de Thomas Bernhard

    Résumé par Louidger
    et publié sur le site:
    http://fr.shvoong.com/books/novel/1754715-des-arbres-Ã -abattre/

    Assis dans la pénombre, le narrateur observe les invités du couple Auersberger. Ils arrivent et s'installent à table pour souper. Il s'en veut, lui, d'être assis là sans être vu: plus tôt il est tombé par hasard sur les Auersberger pendant son magasinage. Il n'a nulle envie de les voir, de leur parler, ni aucune envie d'y aller à ce souper artistique mais, pris au piège, il accepte l'invitation. Réunis autour de la table, les convives discutent littérature, musique, théâtre, philosophie et suicide; Joana, l'une des leurs, s'est pendue quelques jours plus tôt. Parmi les invités de marque, le comédien de Burgtheater de Vienne qui arrive sur le tard après sa prestation du Canard sauvage d'Ibsen. La Jeannie Billroth vient dire son mot, rajouter son grain de sel, ce qui a pour effet de gâcher la sauce.. Elle donne la réplique au comédien du Burg et le confronte à la limite de l'exaspération. Nous voilà au coeur du sujet. Thomas Bernhard se dissimule derrière son masque de convive discret, anonyme et fin observateur. Il évoque ses jeunes années, celles qui ont suivi la fin de ses études musicales et les débuts de sa carrière littéraire. années de vaches maigres et de bohême. Le lecteur doit faire la part des choses entre fiction et réalité. Thomas Bernhard ne se livre pas facilement. Quand ça lui arrive, le lecteur recueille de précieuses informations sur son parcours exceptionnel Mais plus de questions que de réponses: est-ce bien Thomas Bernhard qui méprise la société viennoise et ses artistes mondains? Si c'est le cas, il le fait en silence. Son style d'écriture n'en souffre pas, il se fait plus incisif que jamais. Le burlesque et l'absurde se rejoignent dans ce roman paru en 1984 et sous-titré: Une irritation. Il se situe entre Le naufragé (paru en 1983) et Maîtres anciens (paru en 1985). Au coeur de cette trinité, Des arbres à abattre ressemble aux deux titres qu'il côtoie: il se compose d'un seul paragraphe (215 pages). Il y a lieu de s'interroger sur le sens de ce titre - Des arbres à abattre -, il se laisse chercher et il pose une énigme: que signifie cette tirade du comédien du Burgtheater: Forêt, forêt de haute futaie, s'exclame-t-il au comble de l'exaspération, des arbres à abattre. Allez y comprendre de quoi. Métaphore subtile et paradoxale que celle d'un esprit au sommet de son art. S'agit-il de l'extinction progressive de ces authentiques artistes dont Bernhard se plaît à nous communiquer le doux souvenir? Il conserve ce ton unique qui fait de lui un écrivain à la fois adulé et haï. Toutefois la dernière de ces options tend à disparaître au fil du temps, elle cède sa place à une renommée sans cesse grandissante sur la scène internationale.